« Enfant du rock » titrait Libération en octobre 2020 lors de la parution du crépusculaire album de Feldup « A Thousand Doors, Just One Key ». Non pas son premier long format, mais à travers celui-ci, et via sa rencontre avec le label Talitres, la certitude pour Félix Dupuis que la musique était bien plus qu’un art qui lui permet d’exprimer ses tourments, bien plus qu’un dérivé ponctuel de ses activités de vidéaste.
Il avait tout juste 18 ans et passait le plus clair de son temps à alimenter sa chaîne YouTube (elle comptait alors 120 000 abonnés, elle fédère aujourd’hui plus de 1,2 million de personnes). Un groupe s’est constitué et quelques concerts ont été donnés, réunissant un public fervent, percevant en Feldup un prolongement direct de son quotidien et de son ressenti. Félix Dupuis débute l’écriture de « Stared at from a Distance » alors qu’il ressent âprement le besoin de coucher sur papier la terrible détresse émotionnelle dans laquelle il est. « Tout était incohérent ou abstrait, parfois j’écrivais quelques lignes violemment sincères au point de l’inconfort. Elles m’apaisaient mais je n’avais pas alors la volonté que quiconque puisse les entendre », relate-t-il.
Force est de constater que Feldup fait preuve une nouvelle fois d’une étonnante maitrise. Si les influences musicales sont toujours prégnantes (la scène alternative des années 90, le renouveau du rock new-yorkais des années 2000), Félix Dupuis gagne plus encore en maturité. Nul doute que ces hymnes intérieurs, cette urgence et ces dissonances stupéfiantes, ce chant saisissant enfin, ne laisseront personne insensible.